ENTRÉE LIBRE
MERCREDI – VENDREDI
14H – 18H30
Exposition soutenue par la DRAC Grand Est et la Ville de Strasbourg, la SAIF et Copie Privée.
« C’était l’été, nous étions tapies dans l’ombre et la poussière. Elle a parlé d’oryx jusqu’à ce que le gong résonne. Elle appelait ses séries « conservation » parce qu’elle racontait ainsi la complexité de la sauvegarde des espèces. Je ne savais rien alors du prix des têtes.
Elle avait travaillé sur le trafic d’ivoire au Zimbabwe et au Cameroun et elle avait rencontré Marty. Ils avaient partagé la brousse avec les éléphants, les braconniers et les rangers. Marty en avait déjà tués mais il voulait celui-ci sans défenses car le prix était meilleur. Ils avaient marché pendant des semaines et jeté des cendres dans le vent. Elle était restée. Etait-elle folle ? Plus tard, elle avait parlé de solitude. De son angoisse de ne pas en avoir fait assez. De liberté. Au Texas, en Afrique du Sud, en Colombie ou en Bretagne, elle avait mesuré la complexité des équilibres. Elle avait alors planté sa tente avec les contrebandiers, passé des nuits à regarder les hommes soûls tirer sur les lapins et une femme pisser dans son café. Elle avait publié ses images dans Libération et VSD, édité un livre chez Actes Sud et se préparait pour une mission pour National Geographic.
Elle a eu aussi des phrases de silence. Des phrases qui disaient que la femme avait, un jour, chaviré parce qu’elle ne pouvait oublier l’instant sublime où l’éléphant s’était effondré.
Rapidement, nous avons décidé de l’exposer ; jusqu’au dernier jour de l’année, tout était encore possible. La chasse nous semblait être un bon sujet, dangereux, certes, mais nous en avions l’habitude. »
Céline Duval
Commissariat : Céline Duval
Scénographie : Étienne Andréys
Mélanie Wenger est photographe documentaire représentée par l’agence Cosmos basée à Bruxelles. Diplômée de Lettres et d’un Master en journalisme, elle a choisi de raconter des histoires d’Hommes, de héros de l’ordinaire, de révéler leur profondeur au travers de l’immédiateté permanente de la photographie. Sans oublier les aspérités, surtout, qui les rendent si uniques.
En 2011, elle commence à travailler sur la série « Wasted Young Libya » (L’Enfance brisée de la Libye Libre) qui lui prendra trois ans. Entre 2014 et 2016, elle travaille sur les migrations entre la Libye, Malte et la Belgique.
Pour sa série « Lost in migration » elle passe 6 mois en immersion dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile en souffrance mentale. En parallèle, elle travaille sur le trafic d’ivoire et l’industrie des animaux sauvages au Cameroun, au Zimbabwe, au Texas et en Afrique du Sud. Elle suit des rangers, des braconniers, des chasseurs d’espèces en danger, fréquente les grandes foires internationales et les propriétaires privés. La série « Bush babies » est exposée à New-York et publiée dans VSD et Le Figaro Magazine. Entre 2014 et 2017, elle réalisé une série documentaire au long cours dans l’intimité d’une personne âgée isolée en Bretagne : « Marie- Claude », elle est la lauréate 2017 du Prix HSBC pour la Photographie et publie une monographie du même titre chez Actes Sud en juillet 2017. La série reçoit également le Prix du Jury du grand Prix Photographique de Bretagne en novembre 2017 à Morlaix.