Le bruit des ombres

Rozenn Quéré, Benoît Pelé et 14 hommes détenus

  • CRÉATION ARTISTES / PUBLICS

17/08 - 31/08/2016

Corbas (69)

Le bruit des ombres © Rozenn Quéré, Benoît Pelé et 14 hommes détenus

Photographies et sons réalisés par Droopy, Franklin, JR, Karim, Mike, Mohamed, Momo, Nabil, Philippe M, PS, Ptit Corbeau, Spilberg, The Pekenio, Titi.

Intention artistique pensée et menée par Rozenn Quéré et Benoît Pelé.

Temps de création mené sur 108 heures (54 heures de création photographique et 54 heures de création sonore menées simultanément), réparties sur trois semaines consécutives, en août 2016.

Avec Barbara Coura, directrice du SPIP, Estelle Farine et Laure Stoffel, coordinatrices culturelles.

À la maison d'arrêt Lyon-Corbas (69).

Intervention portée par Stimultania Pôle de photographie, coordonnée avec le Service Pénitentiaire d'Insertion et de Probation du Rhône maison d'arrêt Lyon-Corbas.

Soutenue par la DRAC ARA, la Région ARA et le SPIP de la maison d'arrêt de Lyon-Corbas dans le cadre du programme Culture/Justice.

Pour cette première intervention à la maison d’arrêt de Lyon-Corbas, Stimultania invite deux artistes aux univers et pratiques artistiques distincts : une photographe, Rozenn Quéré et un compositeur – ingénieur du son, Benoît Pelé. Deux techniques, pointues et complémentaires, au service d’un projet commun.

Côté photo, derrière un drap blanc éclairé, l’ombre des corps se déploie, s’enroule, se déroule et s’imbrique avec les autres. C’est le début d’une scène. De là, tout devient possible : griller une cigarette devant un éléphant, devenir simplement une galaxie ou bien Abraham racontant son histoire à des enfants, saluer humblement une foule immense ou s’incruster dans les écrans de Time Square, préparer consciencieusement une potion qui se pourrait magique. Il est possible de tomber aussi, indéfiniment, au fond d’un trou.

Côté son, on s’équipe, on écoute, on invente. L’exploration est multiple et pourtant, là-bas, il n’y a presque rien. Alors le grincement d’une porte, un coup sur la rambarde d’escalier, le souffle dans les mains, des pâtes dans une boîte. Alors les mains qui frappent ou les pieds qui piétinent. Le bruit d’une agrafeuse à vide devient le chargeur d’une arme, une fenêtre se met à miauler. La collecte de sons s’étoffe et se transforme en musique, singulière, unique.

Parce qu’il faut se débrouiller, faire avec les moyens du bord, avec les retards et les aléas, avec la chaleur et une concentration parfois en pointillé, chaque composition, visuelle et sonore, s’enveloppe d’une aura à la saveur particulière, celle du défi peut-être.

Une fois images et sons assemblés, alors l’histoire devient grandiose et chacun aura participé à sa construction d’une manière ou d’une autre.

Le bruit des ombres © Rozenn Quéré, Benoît Pelé et les 12 hommes détenus

Production : 50 livres 14×21 cm, remis aux participants ; une œuvre multimédia diffusée sur internet et dans le canal interne de la maison d’arrêt.


Benoît Pelé est né en 1976, il vit et travaille à Bruxelles. “Le Fabulophone, c’est avant tout un gars touche-à-tout, Benoît Pelé. Poussé par un vent d’Ouest – mais aussi par son instinct et sa curiosité- son parcours l’a mené de Nantes à Paris, puis Bruxelles. Des études de cinéma, à la création sonore dans le domaine du spectacle vivant, en passant par le théâtre de rue, la réalisation d’un court-métrage, la Cave à Son*, la musique… Depuis 15 ans, au gré de ses expériences, la tête et l’ordinateur du Fabulophone se sont remplis de sons : des sons microscopiques, des sons vacarme énorme, des sons du dessus, des sons d’en dessous, des sons qui chantent, des sons qui chialent, des sons qui n’existent pas encore, des sons brûlants, des sons givrés, des sons marteaux, des sons de coton, des sons synthétiques, des sons numériques, des sons magnétiques…”.

Rozenn Quéré est née en 1981, elle vit et travaille à Bruxelles. Elle intègre l’École Nationale Supérieure Louis-Lumière où elle rencontre Yasmine Eid-Sabbagh avec qui elle réalise Vies Possibles et Imaginaires, grand prix international de photographie de Vevey et Prix Découverte des Rencontres d’Arles en 2013. Ce projet, qui s’appuie sur l’enregistrement sonore d’entretiens avec 4 femmes palestiniennes, aboutit à la parution d’un ouvrage aux éditions Photosynthèses et à une installation, montrée pour la première fois à Vevey (Suisse), et par la suite au Bangladesh, au Liban, en France, au Canada, en Espagne, etc. Entre temps, Rozenn a développé un univers visuel à la fois protéiforme et très personnel, témoignant toujours d’un rapport au monde espiègle et décalé. Entre 2005 et 2010, en s’appuyant sur le photomontage numérique, elle crée deux livres pour enfants, ainsi que deux livres d’art en héliogravure ; elle tient un blog mêlant encore texte et photo, monte une exposition personnelle intitulée « Apparitions », et signe l’univers visuel d’une série animée dont elle co-réalise le pilote avec la scénariste Perrine Lottier.