Photographies réalisées par Hugo Ribes, Philippe Somnolet, Adrienne Surprenant, photographes du collectif Item
Intention artistique pensée par Stimultania et le collectif Item
Temps de création mené sur 3 jours consécutifs en juillet 2020.
Restitution affichage sur le vitrines de Stimultania
Intervention portée par Stimultania.
Soutenue par la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, la Région Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre du FIACRE, la ville de Givors.
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Stimultania porte chaque année un programme intitulé Ici c’est Givors, adressé à l’ensemble de la population et plus spécifiquement aux jeunes givordins. Composé de plusieurs actions culturelles (ateliers de médiation, événements, débats) le programme propose également un temps de création avec des artistes photographes pour favoriser l’émergence d’œuvres collectives. Ici c’est Givors est un regard doux et cru à la fois, sérieux et décalé, sur ce que ce territoire comporte de pittoresque, de drôle, de sinistre parfois – en somme, de profondément humain.
Zones 2020 : Les berges du Rhône, autour de la gare Givors ville, le château Saint-Gérald
Courant 2019, le collectif Item, basé à Lyon, contacte l’association. Une partie des photojournalistes du collectif entame un travail au long cours sur la vallée du Gier, vallée qui débute à Givors. Stimultania y voit l’opportunité d’un nouveau type de collaboration, une vision journalistique qui n’avait pas encore été explorée dans les projets menés sur le territoire.
Stimultania imagine un projet : en pleine année d’élections municipales, explorer des zones emblématiques, lieux de débats et d’ambitions de transformation, pour aborder en filigrane des sujets de société généraux. Trois zones sont définies : les berges du Rhône, la zone de l’ancienne verrerie, le château Saint-Gérald. Hugo Ribes, Philippe Somnolet et Adrienne Surprenant sont invités à investir chacun une zone.
Pour observer ces espaces, Stimultania souhaite également impliquer des jeunes givordins, pour accompagner les photographes dans leurs pérégrinations et produire les images avec eux. Seulement voilà, 2020 n’est pas qu’un année d’élections municipales… Au moment de l’intervention, les restrictions dues à la crise sanitaire sont encore fortes et la situation complexe : aucune structure sociale n’arrive à s’engager dans le projet et mobiliser un groupe.
Le projet est tout de même maintenu, laissant toute liberté aux photographes d’aborder les lieux à leur manière. Une belle énergie collective s’installe, chacun produit rapidement du lien avec les habitants et les histoires abondent. Même la pluie ne viendra pas interrompre le travail de terrain.
En octobre, la production, de grande qualité, prend place sur les vitrines des locaux de Stimultania, projetant les photographies à la vue de tous. Les passants s’attardent, ils reconnaissent les lieux, parfois les personnes photographiées.
Sur cette même période, une rencontre est organisée avec un groupe d’habitants pour discuter des images produites et penser ensemble à la suite. En effet, il a été décidé de reconduire le partenariat avec Item sur deux autres années, trois nouvelles zones seront définies chaque année. L’objectif n’est pas d’élaborer un inventaire exhaustif de tous les quartiers, ni de produire un catalogue flatteur de Givors mais plutôt de révéler ce que le territoire recèle, de singulier, de commun, de beau, de laid, et faire émerger des réflexions sur les enjeux inhérents à la vie au sein d’une ville de taille moyenne, située en bord de fleuve et de massif naturel, traversée par l’autoroute et les chemins de fer.
Bords du Rhône / confluent Gier et Rhône
Philippe Somnolet
Promenade, tourisme, loisir et bien-être, nature.
Philippe Somnolet, photographe et sociologue traitant, entre autres, des rapports entre l’homme et l’animal, s’est posé sur les bords du Rhône, zone de promenade à moitié aménagée que chaque Givordin rêverait de voir se transformer en port de plaisance ou en plage. D’abord, il observe et constate : les infrastructures urbaines semblent diriger les corps, « dompter » la nature, créer des barrières, éloigner du naturel. Non loin de là, c’est l’autoroute et son bourdonnement constant. Tout autour, beaucoup de béton et une eau de fleuve qui a connu de meilleurs jours niveau propreté. Mais dans cet environnement a priori peu propice au bien-être, il rencontre une population foisonnante : les anciens, fidèles du même banc à la même heure, les jeunes en rodéo urbain (il faut dire que l’endroit est idéal), le baigneur du Rhône infaillible, les pêcheurs expérimentés qui transmettent aux novices, les amis qui se rencontrent, les pauses dans la voiture face aux flots, et cet homme afghan, en transition, qui s’ennuie au bord de l’eau, et cette femme dont la voiture est tombée dans le Rhône mais qui continue de le côtoyer. Il y a les solitaires, les promeneurs de chiens, les parents avec enfants, il y a les cygnes, les canards, les pigeons – une vie au bord des berges discrète, sans fioriture, mais pourtant bien présente.
“C’est le bout de la ville et le début d’autre chose, c’est peut être dans cet entre deux que réside l’idée de promesse. On semble y conduire son temps libre, ses amitiés, ses amours, ses proches, ses bêtes et ses solitudes comme si c’était leur lieu d’origine, on les y ramène. La nature, pour ainsi dire, s’oppose à la ville parce qu’elle s’ordonne elle-même, sans nous ou malgré nous. C’est peut être pour cela que l’on s’y retrouve, elle nous laisse avec nous-même, ne s’adressant qu’à elle-même. Givors est accoudé au Rhône par le Gier. Ces berges dessinent les lignes frontières avec cette nature et forme le terrain de cette relation entretenue.” Philippe Somnolet
Zone derrière la gare / ancienne verrerie
Hugo Ribes
Passé industriel de la ville, mutation, zone commerciale, voiture.
Hugo Ribes, photographe documentaire engagé, investit la zone où se trouvait l’ancienne verrerie, derrière la gare, transformée aujourd’hui en parc automobile et en parking. Il part interroger le passé industriel de la ville mais aussi la place donnée à la voiture dans cet endroit qui semble, désormais, lui être dédié. Il arpente l’endroit, se positionne, photographie les espaces. Tout près, se dresse la cheminée, unique vestige restant de la verrerie. Autour, il y a des sentiers et beaucoup de chantiers en cours. Quel est cet endroit ? Une zone assez floue, entre parc automobile, parking, lieu de promenade et lieu de mémoire qui concentre depuis des années bien des ambitions. Très vite, Hugo Ribes aborde ceux qu’il croise sur sa route. Car s’il y a certes beaucoup de voitures, il y a aussi de l’humain. Ses portraits au flash (re)donnent un statut à ces êtres qui traversent les lieux, pour différentes raison. Mais sont-ils bien réels ces passants aux allures d’acteurs de cinéma, qui dégagent à la fois aplomb et légèreté ?
Château Saint-Gérald
Adrienne Suprenant
Patrimoine, histoire, identité, mémoire, rénovation.
Adrienne Surprenant, photojournaliste canadienne, est partie à l’assaut des ruines du château Saint-Gérald, en haut de la colline au cœur du centre ville. L’endroit est agréable mais il est désert. Il y a les pierres, la végétation, les oiseaux, le calme. Il y a la vue sur Givors et sur toute la vallée, les chemins de promenade qui mènent tout droit dans la forêt. Adrienne s’approche, touche de son appareil la matière rugueuse ou lisse, de la roche, de la mousse, des feuilles. Elle reste assise, contemple, attend. Mais le décor a ses limites, il lui faut un contact humain. Armée de son bloc-note sur lequel elle a collé des fragments du château, elle redescend sur la place de l’Hôtel de ville pour demander aux passants de réinventer cet édifice qui les surplombe et que peu connaissent vraiment. Les témoignages sont édifiants, souvent déconnectés du sujet qu’Adrienne amène. Il est sans doute plus évident de parler du manque de travail que de la réhabilitation d’une ruine. L’ensemble d’images qu’elle produit mêle ainsi photographies, collages, textes manuscrits et dessins. Il donne corps à ce lieu d’une manière très particulière – une image intemporelle, à la fois douce et poétique mais aussi drôle et quelque peu désenchantée.
Le collectif Item est basé à Lyon : “Depuis une vingtaine d’années, en France comme à l’étranger, nombre de photographes font le choix de se regrouper afin d’imaginer ensemble leurs propres modalités de travail et de production. Ces structures collectives, montées sur le modèle des agences coopératives, cherchent par le biais de l’échange et du partage des moyens de production, à proposer des images « au long cours », loin de l’unique visuel choc à vocation illustrative. Ce mode d’organisation mêlant principes d’indépendance et de solidarité leur permet de préserver leur démarche d’auteur et de maîtriser la production de leurs images, de leur élaboration au choix des issues possibles.
Le collectif Item est une structure de production indépendante qui développe des compétences en matière d’écriture photo-journalistique. Un savoir faire qu’il décline dans le domaine de la presse, de l’entreprise et des institutions. Le collectif item est un espace de travail qui se donne le temps et les moyens nécessaires pour construire de véritables sujets, pensés comme des récits photographiques à part entière.
Sa production photographique fonctionne dans un dialogue permanent entre travaux individuels et projets collectifs, travaux personnels et travaux de commandes. Le collectif item est un espace de diffusion qui s’ouvre au public en organisant des expositions individuelles ou collectives, dans le cadre de son atelier, pour donner à voir la diversité des écritures qui composent le champ du photo journalisme.
Né en 2001, le collectif Item est composé aujourd’hui de neuf photographes, Romain Etienne, Bertrand Gaudillère, Nicolas Leblanc, Cyril Marcilhacy, Etienne Maury, Paloma Laudet, Hugo Ribes, Jeremy Suyker, du photographe anthropologue Philippe Somnolet, et du graphiste scénographe Yannick Bailly.
La structure ne serait rien sans l’implication de Laureen Quincy, coordinatrice et administratrice.”