Photographies et textes réalisés par Yus, Salem, Joseph B., Fabrice, Anis, le M, Bertrand, Smail, Billel, Azedin, Abdallah, Hamed, Fabrice I., Karim, Alexandro.
Intention artistique pensée et menée par Benoît de Carpentier, photographe et Fabienne Swiatly, écrivaine
Temps de création photographique et littéraire mené simultanément sur 36 heures réparties sur deux semaines consécutives en juillet 2017.
Avec Estelle Farine, coordinatrice culturelle.
À la maison d’arrêt de Lyon-Corbas.
Restitution le 26 septembre 2017.
Intervention portée par Stimultania Pôle de photographie
Soutenue par la DRAC et la Région Auvergne-Rhône-Alpes, le SPIP de la maison d'arrêt de Lyon-Corbas dans le cadre du programme Culture/Justice
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Journal de bord
Fabienne Swiatly, Benoît de Carpentier
Pour la seconde année consécutive, Stimultania travaille avec le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation de la Maison d’arrêt de Lyon-Corbas pour porter au sein de la prison une intervention artistique participative, mêlant les disciplines.
Le photographe Benoît de Carpentier et l’écrivaine Fabienne Swiatly ne se connaissent pas. Ils sont invités à travailler ensemble pour concevoir une proposition commune, une intention de base à soumettre aux hommes participants.
« J’étais loin de m’attendre. Aussi loin que je peux ». Les premiers mots de Fabienne Swiatly ont ainsi résonné, amorce d’échange avec Benoît de Carpentier qui a rebondi : « Loin comme une périphérie, un espace, un regard au loin. Loin comme la ligne d’horizon. »
Partis de là, les corps se sont mis à voler pour la photographie. Une bâche en plastique est devenue sujet et forme ouverte à interprétation infinie. Les corps ont volé, les membres se sont ouverts, les gestes se sont amplifiés – et pour cela tout l’espace du gymnase. Puis, tout est devenu minutieux, petit, précis – cette fois un bout de table a suffi. Des petits paysages se sont ainsi construits et sur ces photographies créées, tout est revenu au grand, à l’horizon, à la respiration. Allers-retours entre la miniature et le vaste, la légèreté et la pesanteur.
Quant aux mots, ils se sont écrits en petit et en grand. Ils ont creusé, d’abord les racines « Je viens de », et puis tout autour, dans cet environnement suffoquant, et puis très loin à la recherche de villes inventées. Les mots se sont affichés sur les murs, se sont dressés. Et surtout ils ont été dit. Tous les jours, au moins une lecture de Fabienne est venue enrichir le temps de l’atelier.
Il a aussi été donné une bonne place aux temps de creux pour laisser libres la parole, les gestes, même ceux qui ne servent “à rien”, ou en tout cas pas à la création. C’est aussi pour cela que ce type d’intervention existe. Même si le temps filait, même si les journées étaient intenses, épuisantes et qu’il fallait bien qu’elle se construise, cette œuvre.
Au final, ce qui s’est laissé capturer, c’est une énergie furtive mais dense, celle de ce moment précis, de cette rencontre – deux artistes, un lieu clos et des hommes qui y vivent. Les mots et les photographies se mêlent, il s’agit là d’un travail collectif, d’un travail à plusieurs têtes, celles des participants et celles des artistes, au point qu’on ne peut plus dire aujourd’hui qui a fait quoi, et c’est tant mieux, puisque c’est assumé.
« Tu es en prison et il te faudra faire tomber les barrières pour rencontrer les autres. Ceci n’est pas une ville inventée. »
Production : 10 tirages 600×900 mm exposés au sein du bâtiment socioculturel de la maison d’arrêt Lyon-Corbas en septembre 2017 ; 50 coffrets composés de 10 posters, 15 cartes postales photographique et 15 cartes postales de texte, 2 feuillets rassemblant les textes écrits et 1 livret explicatif, distribués aux participants, aux artistes et aux partenaires.
Né en 1964, Benoît de Carpentier vit en Alsace. Diplômé de l’École Supérieure des Arts Décoratifs (ESAD) de Strasbourg, section peinture en 1989, Benoît de Carpentier est un photographe plasticien. Ses œuvres mêlent réalité et onirisme, parfois introspectives parfois tournées vers l’autre, souvent philosophiques et picturales. En 2002 et 2004 il reçoit l’aide à la création de la DRAC Alsace pour des projets autour du paysage, de l’architecture. Il expose régulièrement ses travaux, principalement à Strasbourg et Paris. Il enseigne la photographie et anime des projets photographiques en milieu scolaire du primaire au secondaire.
Née en 1960 en Lorraine, Fabienne Swiatly vit en Haute-Savoie. Fabienne Swiatly a eu plusieurs casquettes, plusieurs métiers, presque plusieurs vies. Mais toujours l’écriture est restée présente. Du roman à l’essai en passant par la poésie, la nouvelle, le théâtre, ses écrits empruntent de nombreuses formes. Après avoir participé à plusieurs ouvrages collectifs et publié des essais, son roman « Gagner sa vie », édité en 2006, est récompensé par le prix Léo Ferré. Fabienne Swiatly partage sa passion et ses écrits lors d’ateliers d’écriture qu’elle anime auprès de nombreux publics, aux âges et origines sociales divers. « Avant d’écrire j’ai lu. Dans le désordre des bibliothèques croisées. Je ne savais rien de la littérature sauf que j’aimais ça : lire. J’étais affamée. Puis je me suis mise à écrire avec fièvre. De tout. Je ne savais rien de l’écriture mais j’écrivais. Puis j’ai compris qu’il fallait travailler et j’aime ce mot de chantier d’écriture. Alors je me suis mise au travail. De toute façon, je ne sais pas comment faire autrement. Je ne sais pas comment faire sans l’écriture face à la complexité de ma vie et du monde. »