Fleurs de feux

anaïs tondeur

  • Exposition

16.05 - 20.09.2025

  • Strasbourg

VERNISSAGE

16 MAI À 18H

ENTRÉE LIBRE

MERCREDI – SAMEDI

14H – 18H30

communiqué de presse

Une exposition portée par Stimultania pôle de photographie à Strasbourg.

Le projet Fleurs de feux est soutenu par la Spot Home Gallery (Naples) et par le Prix Photographie & Sciences porté par La Résidence 1+2, avec le soutien du ministère de la Culture, en partenariat l’ADAGP, le CNRS, Stimultania Pôle de photographie ainsi que les partenaires médias Fisheye et Sciences et Avenir – La Recherche. Anaïs Tondeur est lauréate MIRA de l’Institut français.

Exposition soutenue par la DRAC Grand Est, la Région Grand Est et la Ville de Strasbourg.

En collaboration avec le philosophe Michael Marder

Cette correspondance a pris forme avec neuf communautés de plantes qui évoluent dans les sols marqués par l’incinération et l’enfouissement de déchets illégaux, sur la Terre des Feux, dans la région de Naples. Dans un processus philosophique et photographique, l’artiste Anaïs Tondeur et le philosophe Michael Marder cherchent à nourrir de nouvelles formes de soins et d’attention inter-espèces.

Entremêlant photographie et écologie, botanique et philosophie, ce projet est développé en compagnonnage avec les plantes qui poussent dans les sols extrêmes de l’Anthropocène.

Guidés par les habitants de Terra dei Fuochi, dans la région de Naples, ce projet prend forme dans une correspondance entre l’artiste Anaïs Tondeur, le philosophe Michael Marder et des communautés de plantes qui guérissaient les habitants avant l’éruption du Vésuve, au début de notre ére et qui participent aujourd’hui à soigner les sols de Campanie, marqués par l’incinération et l’enfouissement de déchets illégaux et toxiques.

Dans un protocole photographique expérimental et écologique, cette rencontre par l’image a eu lieu sans autre intervention qu’une mise en contact des éléments en présence via un processus de phytographie. Suite à l’activation des molécules de phénol présentes dans ses fibres, la plante est invitée à déposer son empreinte sur la surface photosensible (un papier ou un textile collecté dans la décharge puis sensibilisé à la lumière).

Sans extraire la plante de son milieu, ce geste photographique collecte un excès de phénol, exacerbé par la présence de métaux lourds dans les sols de Campanie.
Ensuite, renouant avec le rituel de la poétesse et herboriste Emily Dickinson, qui glissait dans ses correspondances une plante séchée, Anaïs Tondeur envoie successivement ces écritures autres-qu’humaines au philosophe de la pensée végétale Michael Marder, qui répond par une lettre adressée à chaque plante. À réception, elle retourne auprès de la plante pour lui lire les mots du philosophe tandis qu’elle collecte simultanément une nouvelle empreinte phytographique de la plante.

De feuilles à feuilles, ces attentions par le mot et l’image, sont élaborés dans le sens de l’étymologie médiévale du terme correspondance soit « s’harmoniser avec, se mettre en relation avec ». Ils cherchent ainsi à développer une manière de se relier aux existences singulières des plantes de la Terre des Feux tout en apprenant de leurs existences à la marge, nourrissant de nouvelles formes de soins inter-espèces.

La résidence a été nourrie d’échanges et de visites avec les chercheurs et diplomates suivants :

En France
Zoran Cerovic & Gwendal Latouche, spécialistes des phénols, botanistes, Laboratoire Écologie, Systématique et Évolution, Université Paris Saclay

À Naples
Lise Moutoumalaya (Consul de Naples), Simonetta Giordani (botaniste), Départemende biologie, Complesso Universitario, Naples Antonio du Gennaro (agronome), Département d’agronomie, Université Federico II, Naples, Valérie Huet et Priscilla Munzi, archéologues du Centre Jean Bérard, (CNRS, Ecole de Rome), Eric Morvillez, archéologue et historien des jardins de la Rome antique actuellement en détachement à Naples

À Pompéi
Chiara Comegna & Valeria Amorreti, archéobotanistes (Laboratorio di Ricerche Applicate ‘A. Ciarallo’ Parco Archeologico di Pompei)

Ce projet a été rendu possible grâce aux rencontres et arpentages guidés par les habitant.es et activistes Alessandro Cannavacciuolo, Ciro Teodonno, Enzo Petrella, Maria Rosario, Rita Stellara, Rosanne Leace, Valeria Granata, Vittorio et Vincenzo Moccia.


Anaïs Tondeur. Née en 1985. Travaille et vit à Paris.
Dans une démarche ancrée dans la pensée écologique, Anaïs Tondeur est engagée dans une pratique interdisciplinaire par laquelle elle explore de nouvelles façons de raconter le monde, porteuses de transformations de notre relation aux autres du vivant et aux grands cycles de la terre.
Composant une forme de laboratoire des attentions, elle développe ainsi un travail par l’enquête et la fiction, présentées sous forme de marches, d’installations, de photographies ou de protocoles associés à l’alchimie. Elle interroge, à travers les mondes qui implosent, les interdépendances profondes qui relient nos existences humaines à la trame du vivant, par un travail de l’image développé dans un mode de production le plus en lien et en respect possible avec les milieux de vies, et cela, au moyen de protocoles photographiques, d’expériences sensibles ou de récits spéculatifs, présentés sous forme d’installations ou d’arpentages collectifs.
Au premier plan de sa pratique, se trouvent des éléments insaisissables de la terre et de nos corps, à savoir des traces radioactives, des particules de noir de carbone, des plantes marquées par le trauma nucléaire, une odeur issue des profondeurs du temps géologiques, des larmes humaines – tous ces éléments soulignant l’inextricabilité entre nos corps et le monde. Elle va à la rencontre de ces éléments et de ces êtres dans des lieux marqués par l’activité anthropique _des populations végétales qui évoluent dans les sols extrêmes de l’Anthropocène aux ciels pollués, des profondeurs d’une ancienne mine d’argent aux friches de l’usine Kodak à Vincennes _soit des espaces où “les ruines ne sont pas inertes, mais vivantes avec des résidus étonnamment chargés de potentiel” comme le souligne Kyveli Mavrokordopoulou. Elle cherche ainsi à développer avec ces résidus de nouvelles alliances sensibles, formes alternatives de relations (toxiques) et de matérialités photographiques permettant de penser nos relations à la terre pour mieux les panser.
Diplômée de la Central Saint Martin (2008) et du Royal College of Arts (2010) à Londres, récipiendaire de la mention d’honneur des Amis du Jardin Albert Kahn (2024), elle est lauréate du Grand Prix RPBB (2024), du Prix Photographie et Sciences (Résidence 1+2, 2023), du soutien à la mobilité artistique MIRA (Institut français 2023), du Prix Art of Change 21 et de la mention d’honneur Cyber Arts, Ars Electronica (2019). Elle a présenté et exposé son travail dans des institutions internationales telles que la Maison Européenne de la Photographie, le Centre Pompidou (Paris), le MAMAC (Nice), la Biennale de Venise, le Pavillon Français (Lieux Infinis), Kröller-Müller Museum (Pays-Bas), Museum Ostwall, Dortmund (Allemagne), Museum für Kunst und Gewerbe (Allemagne), Kunst Haus Wien (Autriche), Chicago Art Center, Spencer Art Museum (USA), Choi Center (Beijing), Nam June Paik Art Center, Sungkok Art Museum (Seoul).