Photographies réalisées par Alicia Gardès, Beatricia Lokame Besala et Nedjma Abdulaye.
Intention artistique pensée par Stimultania et Alicia Gardès.
20 heures d’intervention en février 2022.
Avec : Margaux Brun, travailleur social au Centre Rosa Parks.
Production : 9 tirages (Impression panoramique).
Avec le soutien de la Collectivité Européenne d’Alsace, de la DRAC Grand Est, de la Ville et Eurométropole de Strasbourg.
Une nouvelle bâche de 5×6 m a été accrochée place Karl Ferdinand Braun, sur le pignon de la Maison de l’image. Il s’agit d’une photographie de la championne de boxe Nong Rose prise par Alicia Gardès.
Une belle perspective. Une place ouverte, au croisement d’une crèche, d’une école d’architecture et d’une maison de l’image. Des graffitis, des vélos, quelques arbres. Une sorte de non-lieu. Depuis mai 2021, Stimultania affiche de gigantesques photographies sur la place pour en faire un lieu de débats, de discussions, tout en veillant à la beauté des propositions plastiques.
Dans cette photographie de 5×6 m, issue de la série Rose in the fighters kingdom, Alicia Gardès questionne les normes de genre oppressives dans la pratique du sport de compétition. La photographie permet deux niveaux de lecture : un premier niveau esthétique et plastique, un second niveau – accessible avec la légende – plus politique. En regard de cette installation, Alicia Gardès mènera des ateliers avec un groupe de jeunes femmes du foyer Notre Dame autour de la thématique Figures de pouvoir.
« J’ai entendu parler de Nong Rose en février 2018, à propos de son combat contre le strasbourgeois Akram Hamidi, à Paris. Surnommée par la presse “The Iron Knee” (Le genou d’acier), ou encore “The Poison-Bathed Rose” (La rose baignée de poison), elle se bat en compétition masculine depuis toujours. Elle est aujourd’hui la première championne transgenre a avoir combattu en France dans une compétition internationale. » Alicia Gardès Star dans son pays natal, la Thaïlande, Nong Rose se dit « heureuse d’être la première boxeuse transgenre à combattre en France ». Elle était déjà la première femme trans à boxer au stade Rajadamnoen (une des deux plus grandes arènes de Bangkok), où elle s’était imposée en juin 2018 face à un adversaire masculin. Connue pour sa force physique impressionnante, ses combats sont très médiatisés. Désireuse d’étendre sa notoriété hors des frontières thaïlandaises, elle est consciente de porter un message important : « Ma présence en France offre une visibilité aux personnes comme moi. Aussi, je veux montrer à la France et au monde qu’on se débrouille aussi bien que les autres, que nous valons autant que les autres. Nous ne sommes pas faibles. »
C’est son oncle qui lui donne ses premiers cours de muay thaï (boxe thaïlandaise) dès huit ans, la trouvant trop efféminée. Aujourd’hui, elle s’entraîne toujours dans son village natal avec son frère jumeau, à Phimai, dans l’Isaan. Alors que certains boxeurs ont déjà refusé de l’affronter, Nong Rose a réussi à faire reconnaître son talent et à s’imposer dans sa catégorie avec plus de 300 combats à son actif, dont plus de 150 victoires et plus de 30 K.O.
POUR ALLER PLUS LOIN
En écho à cette œuvre dans l’espace public, Stimultania invite Alicia Gardès a prolonger ses réflexions avec des jeunes femmes du Centre Rosa Parks, service du Foyer Notre Dame lors d’une création artiste/public.
Alicia Gardès est photographe, réalisatrice, artiste plasticienne et professeure de photographie. Née à Nice en 1991, elle vit et travaille à Strasbourg. Travaillant principalement en argentique, Alicia Gardès crée des images contemplatives et poétiques, qui jouent sur les frontières entre mise en scène et documentaire. Elle réalise aussi des images sur commande, principalement pour la mode ou la musique (pochettes de cd, clips vidéo). Depuis plusieurs années, Alicia Gardès porte un projet de photographie documentaire intitulé Girls wanna have strength qui questionne la perception de la force physique chez les femmes, grâce à des portraits de sportives professionnelles. Elle est également membre de Burstscratch, un laboratoire associatif destiné à promouvoir le cinéma en pellicule.